Ciou wrote:A priori, ce serait un requin bouledogue de 4m ...........
ya pas plus agressif dans le genre brrrr
https://www.facebook.com/notes/stephane-sisco/a-mathieu-et-aux-autres/250381208339337
"A Mathieu et aux autres…
Je n’avais pas vu Mathieu Schiller depuis deux ans. Il y a dix jours, on a déjeuné ensemble, à Boucan Canot. Face à la mer. Il m’a raconté la galère qu’il vivait avec son école de surf, ces attaques de requins qui faisaient fuir ses élèves. Il était allé voir leurs parents pour les rassurer. Leur dire qu’il valait mieux qu’ils continuent à surfer au sein d’une école où l’on respecte les règles élémentaires de sécurité plutôt que de braver l’interdit avec risque. Ne pas surfer seul, ni en fin de journée, ni quand l’eau est trouble : voilà ce qu’il a toujours fait, voilà ce qu’il disait aux autres.
Mathieu m’a parlé de tous ses projets : des Seychelles où il développait le surf auprès des enfants, de son entreprise de textile, local brothers, qu’il voulait développer malgré la crise, de la manche du championnat du monde qui débute dans quelques jours à Saint-Pierre, des prochains championnats de France où il aurait voulu se rendre. Il m’a parlé, longuement. Il débordait d’énergie. Fini le temps des conneries, fini l’insouciance de la jeunesse. Il se construisait.
Sa disparition laisse un immense vide. Dix ans après celle de David Legleye, c’est le deuxième marmaille que je perds. David et Mathieu faisaient partie de la première génération de bodyboarders que j’ai entraînés à la fin des années 90, à Boucan Canot. Deux gamins hyper doués. Deux champions. Deux amoureux de la mer. Deux destins tragiques.
Il y a dix jours, Mathieu pestait de voir les vagues de Boucan Canot vierges de tout surfer. Comme la communauté réunionnaise de la glisse, il regrettait que les pouvoirs publics ne prennent pas le problème requin à bras le corps. Qu’ils ne soient pas plus réactifs. Il m’a parlé de la rapidité avec laquelle ses amis seychellois avaient pris des mesures radicales pour protéger leurs plages : 40 squales capturés en quelques jours, l’intervention de spécialistes venus d’Afrique du Sud et la pose prochaine de filets.
Enfant de Boucan Canot où il a grandi, Mathieu savait pourtant qu’à la Réunion, on parle beaucoup avant d’agir. Il ne savait malheureusement pas qu’il serait la prochaine victime.
La victime de qui ? La victime de quoi ? D’un requin tueur qui n’a pas hésité à venir récupérer sa proie au bord de l’eau ? De ceux qui défendent cet animal en voie d’extinction, dont l’espèce n’a cependant jamais été aussi nombreuse dans les eaux réunionnaises ?
Il y a quelques jours, un homme de loi réunionnais déclarait dans son tribunal : « Quand je fais du vélo, les chiens m’embêtent mais je ne vais pourtant pas tous les tuer… » Rigole-t-il encore ce matin de sa plaisanterie ?
La mort de Mathieu Schiller n’est pas un accident de plus. Elle n’est pas à ranger au rayon de l’imprudence. Le drapeau sur la plage était certes rouge mais parce que les vagues étaient dangereuses pour les baigneurs. Pas pour un champion qui s’était déjà risqué dans des montagnes d’eau à Hawaï, que tous les MNS saint-gillois connaissaient. La mort de Mathieu Schiller est à mettre au compte de ceux qui n’ont rien fait pour faire fuir ces prédateurs au large. Les défenseurs du requin, qu’ils soient scientifiques, politiques et magistrats, sont tous coupables de non-assistance à population en danger ! Qu’ils se regardent dans une glace aujourd’hui et se disent : qu’ai-je fait pour protéger Mathieu Schiller ? Qu’ils rangent leur ego et leur paperasse. Qu’ils agissent au lieu de débattre. Pour Eddy Auber, pour Mathieu Schiller. Pour tous les enfants de la Réunion.
Stéphane SISCO"